Analyse du modèle économique inclusif : Africa Improved Foods, Rwanda

Africa Improved Foods (AIF) est un partenariat public-privé impliquant Royal DSM, le gouvernement du Rwanda, l'IFC, le groupe CDC et la FMO. AIF fournit des solutions à la malnutrition via la production locale d'aliments hautement nutritifs et est opérationnel depuis décembre 2016.

L'AIF est une entreprise sociale qui s'associe à des institutions à but non lucratif, telles que le Programme alimentaire mondial et les gouvernements, et fabrique des produits commerciaux abordables pour le marché de masse.

L'AIF s'approvisionne actuellement en 30 000 tonnes de maïs de catégorie 1, dont jusqu'à environ 50 % proviennent de producteurs de maïs rwandais.

L'AIF vise à augmenter son volume de maïs de qualité 1 provenant des agriculteurs rwandais à 30 000 tonnes, dans le but d'améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs et de contribuer au développement rural au Rwanda.

Les rendements, la qualité et le respect des contrats des producteurs de maïs rwandais sont actuellement trop faibles pour que l’AIF puisse atteindre son ambition d’approvisionnement local. Afin de relever ces défis, l’AIF s’est associée à IDH, Yara et Syngenta dans le cadre du « Projet d’amélioration des rendements ».

La question clé de cette analyse SDM est la suivante : « Comment l’AIF peut-elle augmenter et maintenir les volumes de maïs cultivé localement pour son usine de production rwandaise ? »

Ce rapport d'analyse SDM est structuré pour répondre à cette question selon les éléments suivants :

• En comprenant le coût total de l’approvisionnement par MT provenant de différents canaux d’approvisionnement ;
• En comprenant les opportunités de croissance pour l'AIF et ses partenaires ; et
• En renforçant la durabilité à long terme du modèle d’approvisionnement local.

Notre analyse SDM démontre qu’il est possible pour l’AIF de répondre à tous ses besoins en maïs localement et de manière rentable d’ici 2025, tout en ayant un impact positif sur les moyens de subsistance des agriculteurs au Rwanda. Quelques éléments doivent être explicitement mentionnés comme contexte :

Pour que l’AIF puisse prétendre avoir un impact sur les moyens de subsistance des agriculteurs grâce à l’approvisionnement local, il ne suffit pas de s’approvisionner localement ou même directement auprès des coopératives. L’impact sur les moyens de subsistance des agriculteurs est obtenu en intégrant les coopératives et les agriculteurs à un modèle de prestation de services (SDM) tel que le projet d’amélioration des rendements, comme le démontrent nos projections de revenus des agriculteurs et des coopératives.

L'approvisionnement auprès de coopératives adhérant au projet d'amélioration du rendement n'est que légèrement plus cher par kg pour l'AIF que l'approvisionnement via le canal d'approvisionnement le moins cher, à savoir les partenariats d'approvisionnement.

Tous les partenaires que nous avons étudiés bénéficient de leur participation au modèle de prestation de services établi par le projet d’amélioration du rendement :

• Les revenus des agriculteurs continueront d’être très faibles (l’écart avec le revenu vital sera toujours de 81 % pour les agriculteurs de l’Est 1 et de 90 % pour ceux du Sud) mais leur revenu net augmentera respectivement de 71 % et de 11 % ;
• Les coopératives peuvent accroître considérablement leurs revenus et leur bénéfice net grâce à une croissance prévisible et soutenue du commerce du maïs et des intrants de haute qualité, et bénéficier d’une plus grande fidélité des membres ;
• Le projet d’amélioration du rendement fournit à Yara et à Syngenta un marché suffisant pour établir des opérations localement ;
• L'AIF peut atteindre son objectif d'approvisionner tout son maïs auprès des coopératives SDM de manière financièrement durable, mais des goulets d'étranglement potentiels existent en raison des besoins en fonds de roulement et de la capacité de stockage en silo existante.

Notre analyse part du principe que le projet d’amélioration des rendements laisse inexploité le potentiel de création de valeur : nous prévoyons que les agriculteurs ne pourront pas se permettre 100 % des intrants recommandés mis à disposition par Yara et Syngenta, et aucun financement adéquat n’est actuellement disponible pour combler ce déficit. C’est pourquoi nous recommandons à l’AIF de renforcer la durabilité à long terme du modèle d’approvisionnement local en veillant à ce que les agriculteurs aient accès à un financement adéquat en :

• Investissement stratégique dans le développement coopératif pour accroître la résilience des coopératives en tant que partenaires commerciaux ;
• La mise en place de solutions de financement pour l’achat d’intrants de qualité, qui sont acheminés par l’intermédiaire des coopératives.

En supposant que les coûts supplémentaires liés au développement des coopératives et aux solutions de financement ne soient pas supportés par l’AIF, l’augmentation supplémentaire de l’efficacité de l’approvisionnement par le biais des coopératives devrait réduire l’écart entre le coût total de l’approvisionnement par le biais des coopératives SDM et celui du canal d’approvisionnement le moins cher de 25 % supplémentaires.